MEDIAS. Le Sénat examine à compter de ce jour le projet de loi sur l'audiovisuel public. Déjà débattu et dénoncé, à l'Assemblée nationale, par les députés de l'opposition, et même plusieurs députés de la majorité, l'examen au Sénat ne sera pas un long fleuve tranquille.
D'abord parce que ce débat intervient alors que la publicité est déjà supprimée sur les antennes de France Télévisions entre 20h et 6h du matin depuis ce lundi. Faire venir une loi devant une des deux assemblées alors que l'élément principal de cette loi est déjà mis en oeuvre, il y a mieux pour la revalorisation du Parlement! Rappelez-vous, on nous disait que la loi de modernisation de la Constitution ouvrirait une nouvelle ère de la démocratie et du Parlement... Pour le moment, c'est plus un retour un arrière.
Tout comme la nomination des Présidents de France Télévisions, de Radio France et de l'audiovisuel extérieur (RFI, France 24, TV5 Monde) par le seul Président de la République. Comment peut-on faire croire qu'il est plus démocratique que la nomination du Président de la télé publique (qui touche à la liberté de l'information, au pluralisme, à la création, etc..) soit confiée à un homme seul (aussi éminent soit-il) plutôt qu'à un organe collégial et indépendant comme le CSA? Et si le CSA n'est pas sufisamment indépendant aux yeux de certains, n'était-il pas plus intelligent, plus démocratique, plus ambitieux que de le réformer?
LE FINANCEMENT, CLE DE L'INDEPENDANCE
Autre retour en arrière : le financement de France Télévisions. Le projet de loi ne garantit en rien que les pertes liées à la suppression de la publicité seront compensées intégralement et durablement. Plus grave, c'est l'indépendance même du financement de France Télévisions qui est remise en cause puisque son budget dépendra chaque année de l'argent que voudra bien lui donner l'Etat, le gouvernement en place. En effet, les nouvelles taxes mises en place pour financer l'audiovisuel public, transiteront par les caisses de l'Etat. Elles ne sont pas directement affectés au budget de France Télévisions.
C'est en conséquence un formidable retour en arrière qu'opère ce projet de loi. C'est la raison pour laquelle les sénateurs socialistes, mais au-delà tous les sénateurs attachés au sercice public de l'audiovisuel, dénonceront ce projet de loi à l'occasion du débat au Sénat. Il en va du pluralisme, de l'indépendance et de la création dans notre pays.
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