SERVICE PUBLIC. Le projet de loi prévoyant le changement de statut de la Poste en Société Anonyme sera examiné par le Sénat au cours de la première semaine de novembre.
La crise bancaire, l’éclatement de la bulle boursière, la crise économique et sociale que nous traversons, ont fait voler en éclat les certitudes d’un discours libéral euphorique et dérégulateur, dont les limites et la dangerosité ont été démontrées et qui constitue pourtant aux yeux du gouvernement le prix à payer à la modernité.
Le gouvernement explique que ce projet de loi n’est pas une privatisation parce que ce mot ne figure pas dans le texte. Il est pourtant présent dans les esprits.
Souvenons-nous des engagements de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’économie et des finances, parlant d’EDF-GDF, à l’Assemblée nationale le 15 juin 2004 :
"Je l’affirme parce que c’est un engagement du Gouvernement : EDF et Gaz de France ne seront pas privatisés./ (...) » Le Président de la République l’a rappelé solennellement lors du conseil des ministres au cours duquel fut adopté le projet. Mieux, le Gouvernement acceptera l’amendement du rapporteur prévoyant de porter de 50 % à 70 % le taux minimum de détention du capital d’EDF et de Gaz de France.
On connaît la suite, et ce même gouvernement a eu trop souvent recours par le passé à une "technique" qui consiste à brader son patrimoine pour tenter de financer ses choix budgétaires.
Par ailleurs, il est affirmé que l'implantation territoriale de La Poste sera maintenue en garantissant que ses 17 000 points de contact seront préservés. Les élus locaux doivent savoir que ce projet de loi ouvre bien la possibilité de continuer à fermer des bureaux de poste pour les transformer en agence postale communale, en Point Poste chez les commerçants, ou même en bornes de service public qui pourraient faire office de point de contact. Peut-on se satisfaire de ce qui constituerait un dévoiement des services publics postaux tels que nos concitoyens les conçoivent et les apprécient jour après jour ?
Il nous est dit enfin que le statut des personnels serait préservé, à l’image de celui de France Telecom. Malheureusement, là non plus les faits ne plaident pas en faveur de la crédibilité des affirmations du gouvernement, puisqu'au-delà d'une dégradation de la qualité des services, on y a constaté une forte diminution du nombre des agents - ainsi, de toute évidence, que la dégradation des conditions de travail. L’actualité ne fait malheureusement que confirmer ces affirmations.
La vraie modernité consiste à imaginer un grand service public postal en adéquation avec les évolutions de notre société et qui soit à même de relever les défis du XXIème siècle.
La Poste n’est pas une entreprise comme les autres et elle ne le sera jamais. Elle fait partie de notre patrimoine et c’est pour cette raison que nous voulons que nos concitoyens soient consultés sur son devenir.
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